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L’ENNEMI DES FEMMES

obtenir, ou ne parut pas avoir obtenu de renseignements précis.

Constantin boudait toujours le Palais de Bois. Les réconciliations les plus difficiles sont généralement celles qui n’ont aucun grief sérieux à immoler. Constantin exigeait une avance de Petrowna, un seul mot qui l’autorisât à tenter la première démarche. Petrowna, depuis surtout que l’honneur de son sexe avait été exalté et sublimé par la courageuse attitude de madame Ossokhine, exigeait une soumission sans réserve, une obéissance sans condition.

Le vieux Gaskine, intimidé par la mélancolie de madame Ossokhine, osait moins souvent lui parler, mais était devenu le confident familier de Petrowna. Ces deux natures droites et brutales s’entendaient à merveille, à travers les différences de leur éducation.

D’ailleurs, le vieux fermier avait aussi un problème d’amour à résoudre. Il n’était plus content de son fils. Jaroslaw semblait se lasser de sa soumission. Il n’était pas revenu ouvertement à la poésie, mais il ne parlait plus de se marier, et dans son enthousiasme pour madame Ossokhine on sentait un secret désir d’aspirer à l’amour d’une femme de la ville, plus civilisée, plus délicate, plus élégante et plus héroïque à l’occasion que la fiancée de Troïza.

Gaskine dit un matin à Petrowna :

— Les hommes de ce temps-ci ne valent rien, et mon fils ne vaut pas mieux que les autres. Je vois