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L’ENNEMI DES FEMMES

un dénouement. Nous ne sortirons pas d’ici que nous n’en ayons arrêté le plan.

— Monsieur, s’écria Diogène pendant tout à fait son sang-froid et serrant les dents, à travers lesquelles sifflaient ses paroles, je ne crois pas qu’en France un homme d’esprit acceptât jamais la mission dont vous vous êtes chargé.

— C’est qu’il ne se trouverait pas en France un homme d’esprit pour s’oublier, jusqu’à la rendre nécessaire.

— Major, provoquez-moi plutôt en votre nom, j’aurais du plaisir à vous casser la tête.

— Moi, je n’en aurais pas à vous tuer, Kamenowitch, répondit majestueusement le major ; mais pour aujourd’hui, il ne s’agit pas de moi.

— Eh bien, soit, s’écria de nouveau Diogène, en frappant du pied et en jetant sa cigarette qu’il avait laissée s’éteindre, vous me poussez à une folie ; je m’en vengerai. J’accepte. Dans une heure, je vous enverrai mes témoins.

— Nous les attendrons ! dit Barlet.

— Nous les attendrons, répéta le major, qui ne voulait pas laisser le dernier mot au vieux Français.

Les deux mandataires de madame Ossokhine se retirèrent avec solennité.

Le lendemain de cette visite du major et de M. Barlet, de grand matin, Diogène se trouvait avec ses deux témoins, Melbachowski et un comte polonais, dans une prairie entourée de forêts, près de Troïza.