Page:Sacher-Masoch - L’Ennemi des femmes, 1879.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
L’ENNEMI DES FEMMES

— Vous êtes la dupe de ce mauvais génie de Diogène, lui dit-elle.

— Qui vous a dit cela ?

— Ce n’est pas bien difficile à deviner.

— Pourquoi me voudrait-il du mal ?

— Vous aviez le tort d’être un homme heureux en ménage, d’être le père de deux filles charmantes. Diogène ne pardonne pas à ceux qui se font aimer.

— Ah ! si vous saviez ce qu’il m’a écrit !

— Je ne veux rien savoir de plus que ce que je sais, monsieur Pirowski. Vous aviez une maison entourée de l’estime et du respect de tous. Vous étiez le garant de l’honneur de votre femme, et votre femme garantissait les mérites de vos filles. Une jalousie rétrospective, sans cause, j’en suis sûre, sans à-propos et sans dignité, a mis le trouble dans votre intérieur, vous a rendu brutal, ingrat envers vingt-cinq années de paix et de soumission et expose vos deux filles à ne plus trouver de maris. Déjà Melbachowski, qui paraissait disposé à vous demander Léopoldine, s’est retiré ; et Constantin n’a plus reparu depuis quelques jours.

— Mes pauvres filles ! balbutia Pirowski, attendri et enchanté d’avoir trouvé un prétexte d’attendrissement.

— Dites aussi : Ma pauvre femme ! continua Nadège.

— Que faut-il que je fasse ?