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XV

LA DÉLIVRANCE

Dans les premiers jours de janvier, madame Ossokhine sortit de prison.

Le chef-lieu se prépara à la recevoir, comme s’il se fût agi d’une fête nationale. Gaskine avait convoqué, non seulement les habitants de Troïza, mais, par la voix du journal, tous les paysans petits-russiens, à dix lieues à la ronde.

Dès le matin du fameux jour, qui était comme une Pâques d’hiver, on vit arriver des bandes de Petits-Russiens endimanchés, à pied ou à cheval, avec des chapeaux et des casquettes en peau de mouton, des rubans à la coiffure, portant de grands drapeaux, et marchant accompagnés d’une violente musique.

Le vieux Gaskine, l’œil sombre, car la joie le rendait farouche, vêtu de ses plus beaux habits, la moustache retroussée comme celle d’un général, recevait les arrivants, leur donnait des ordres, leur