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L’ENNEMI DES FEMMES

Tout de suite.

— Oh ! laissez-moi me rendre présentable. Puisque votre Diogène n’est pas un cynique, je ne puis aller le voir ainsi crotté.

— Nous t’accompagnerons.

— Et permettez-moi de regarder encore une fois ma blonde fée.

Constantin resta quelques minutes en contemplation sur la première marche du café ; puis, poussant un soupir :

— Elle est adorable ! et vous ne m’empêcherez pas de l’adorer. Quelle est l’autre ? elle est aussi très jolie, mais elle paraît froide et fière.

— C’est sa sœur aînée, répondit Melbachowski, d’un ton froid, et avec un peu de fierté.

Constantin parut satisfait du renseignement ; il l’était peut-être surtout du ton avec lequel le renseignement était donné.

Les jeunes gens s’éloignèrent ; un hussard conduisant par la bride le cheval qu’avaient fouetté les tresses de Petrowna.

Sur le balcon du palais de bois, avec les deux jeunes filles, se trouvait un beau vieillard, en frac bleu.

— Connaissez-vous ces messieurs, cher monsieur Barlet, demanda Petrowna d’un air indifférent.

— Quels messieurs ? répondit le vieillard avec un accent qui trahissait le français.

— Ceux qui descendent en ce moment de la Zukernia ?