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L’ENNEMI DES FEMMES

dire qu’elle se faisait du tort, de peur de l’exaspérer et n’osant trop se plaindre de peur de lui faire pitié.

Quand il vit que l’on se préparait au départ :

— Au revoir, Petrowna, lui dit-il, en la saluant.

— Bon ! Vous me dites au revoir, comme si vous me disiez adieu.

— Est-ce donc là ce que vous voulez comprendre.

— Moi, je ne veux rien.

— Si je vous disais : adieu, Petrowna ?

— Je vous répondrais : adieu, Constantin.

— Je vous jure que je vous aime, Petrowna ; que si j’ai eu des torts, je veux les expier. Je vous jure aussi que j’ai cru que vous m’aimiez.

— Prenez garde, imprudent ! vous avez voulu me prendre la main. Le directeur nous regarde ! Il serait capable de croire que nous faisons un pacte et que nous conspirons contre le gouvernement.

Constantin salua encore, fièrement, tristement ; et s’éloigna sans se retourner.

Il eut tort de ne pas se retourner ; car il eût deviné, sans doute, au regard inquiet de Petrowna, que l’imprudente ne pouvait pousser l’épreuve plus loin, qu’elle était à bout de roueries, et il eût abjuré toute jalousie. Qui sait si la téméraire enfant qui jouait ainsi son amour et son bonheur, n’attendait pas ce retour, pour lui tendre les mains et pour lui dire, avec la pantomime d’un baiser :

— Pardonnez-moi !

Il s’éloignait résolument ; Petrowna lui en voulut de cette obéissance et de l’estime qu’elle-même en