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L’ENNEMI DES FEMMES

ne, le terrible ennemi des femmes ; il est votre ami aussi.

— Je vous en supplie, Petrowna, ne jouons pas à ce jeu de coquetterie.

— Un jeu ? Qui vous a dit que ceci était un jeu ? repartit l’effroyable enfant. N’étais-je pas libre de venir à cette fête, dans la compagnie de mon choix ?

— On sait que nous sommes fiancés.

— Oui, mais on sait aussi que nous ne sommes pas mariés.

— Que va-t-on supposer, Petrowna ?

— On supposera ce que l’on voudra. M. le directeur du cercle vous fera son compliment…

— Je ne suis pas seul à souffrir, Petrowna, de votre étrange démarche.

— Ah ! qui donc ai-je blessé ?

— Votre sœur.

— Ma sœur ! Je me charge de la rassurer. Est-ce tout ?

— Je vais défendre à Melbachowski de vous reconduire.

— Ah ! si vous faites cela !… s’écria la jeune fille avec un véritable accent de colère et en serrant avec force le fouet qu’elle tenait à la main.

Constantin n’eut pas peur pour lui de l’effet de la menace de Petrowna. Mais son amour fut prudent. Il redouta pour celle qu’il adorait une de ces prouesses qui avaient fait déjà à Petrowna une réputation d’excentricité. Il parla doucement, simplement, essayant de convaincre cette jolie entêtée, n’osant lui