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L’ENNEMI DES FEMMES

blesses, avait accepté une place, à côté du directeur du cercle ; peut-être n’avait-il pas osé la refuser. Ce fut comme une volée de cygnes sur les routes couvertes de neiges. En une demi-heure, tous les équipages avaient atteint la plaine où les courses devaient avoir lieu.

À peine le signal de la halte était-il donné, que l’on vit accourir, bride abattue, un attelage attardé composé de quatre magnifiques chevaux noirs, que conduisait Melbachowski. Petrowna, en pelisse de velours bordée de chat sauvage, la mine au vent, les yeux étincelants, les cheveux flottants, libres et sans nattes, était installée fièrement dans le traîneau, défiant les regards et semblant ne s’être mise en retard que pour produire un plus grand effet.

Une grande rumeur d’étonnement, aiguisée par des rires, siffla comme une bise au milieu de l’assemblée.

Constantin pâlit en voyant Petrowna. Léopoldine se mordit les lèvres de colère. Petrowna vit Constantin, le regarda sans un tressaillement de la bouche, et salua avec calme toutes les figures de connaissance.

Presque aussitôt, les courses commencèrent. Petrowna pria Melbachowski de descendre du traîneau, de la laisser seule diriger l’attelage, et lançant les quatre chevaux noirs au grand galop, les joues roses, les yeux vifs, avec des éclairs qu’on pouvait prendre pour des éclairs de joie, brandissant son fouet, la lèvre entrou’verte par un petit