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L’ENNEMI DES FEMMES

qu’elle a fait… Mais si tu veux le savoir, laisse-moi te présenter à celui dont je te parlais, un homme qui connaît le cœur de toutes les femmes de ce pays, le président de notre société.

— Quel président ? quelle société ?

— Mon cher, reprit à son tour le jeune homme blond avec un air de fatuité, nous faisons partie d’une société d’assurance mutuelle contre les perfidies des femmes, et nous avons pour chef un philosophe de premier ordre.

— As-tu entendu parler de Diogène Kamenowitch ? reprit le jeune homme brun.

— Oui, à Lemberg ; je l’ai entendu souvent nommer comme un homme d’esprit, riche, beau garçon… J’ignorais qu’il fût philosophe.

— Il faut absolument que tu fasses sa connaissance. Il t’apprendra tout ce que tu veux savoir.

— Tu crois que c’est nécessaire ?

— Indispensable ! surtout pour un nouveau venu comme toi dans le pays. Diogène donne le ton, la mode.

— Il n’habite donc pas un tonneau ?

— Il a la plus belle maison du pays, et bien qu’il se proclame l’ennemi des femmes, il est remarqué, choyé, adoré de toutes les femmes, qui font aussi profession de l’exécrer. Si tu ne le prends pas pour confesseur, prends garde de l’avoir pour adversaire ; il est plus sorcier que le démon dont tu es amoureux.

— Eh bien, vous me présenterez à M. Diogène.