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L’ENNEMI DES FEMMES

nal, à ne publier qu’une liste, qu’une seule ! celle que vous m’apportez !

— Son Excellence n’en demandait pas tant.

— C’est possible, mais j’ai l’habitude, au marché, de donner toujours plus que la mesure.

Le diplomate parut enchanté ; il loua l’excellent esprit conservateur que Gaskine avait apporté de la campagne. Comme il était facile de s’entendre avec la logique rurale ! Il laissa la liste des candidats officiels et partit en bombant sa poitrine, qui semblait gonflée d’une urne électorale.

L’entretien avait été secret. Gaskine, après le départ du tentateur, entra dans la salle de rédaction et plaça la liste sur la table :

— Voilà nos candidats ! dit-il.

— Quoi ! des polonais ! les créatures du gouvernement ? repartit mademoiselle Scharow, qui avait parcouru le papier d’un regard rapide.

— Sans doute, des polonais, dévoués ostensiblement au gouverneur, à sa famille, à sa fortune.

— Et vous voulez nous faire publier cette liste ?

— Je le veux.

— Oh ! pour cette fois, monsieur Gaskine, permettez-moi de le dire, c’est absurde.

— Ce qui est absurde, panna Scharow, c’est de me résister, — répliqua le vieux paysan d’un ton ferme et doux. — Toi, Jaroslaw, arrange ce que je vais te dire, et, autant que possible, ne change pas grand’chose à ma dictée.

Se redressant alors, comme s’il eût singé le