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L’ENNEMI DES FEMMES

Tout le monde se regarda ; mais personne ne bougea.

— Monsieur, dit mademoiselle Scharow tremblante, quand commencerez-vous vos fonctions ?

— Il me semble que je les ai déjà commencées. Continuez ce que vous faisiez. Pour aujourd’hui, cela ira encore à la grâce de Dieu ; car je ne veux pas vous faire veiller trop tard, et j’ai l’intention d’aller coucher toutes les nuits à Troïza. C’est mon cabinet de réflexion. Je vous en rapporterai des idées. Mon garçon restera ici en permanence. C’est entendu, n’est-ce pas ? À propos, on va faire des élections. Vous n’y avez pas songé ?

Les collaborateurs échangèrent entre eux des regards surpris.

— Non, murmura mademoiselle Scharow.

— J’en étais sûr ! si bien que votre journal, qu’on attendait pour voter, aurait laissé les paysans dans l’embarras. Je vous dirai demain comment je crois la bataille possible. Pour aujourd’hui, tirez au clair vos propres sentiments, et habituez-vous à mon tabac. Je ne peux pas en changer, ni m’en passer.

Après ce discours, Gaskine, comme un sauvage qui reprend son calumet, ralluma sa pipe et se mit à fumer en silence. Au bout d’une heure ou deux, chacun avait fini la besogne.

Le vieux fermier se fit lire tous les articles ; approuva les uns, se moqua des autres ; fit deux ou trois observations qui étonnèrent, par leur sagaci-