— Je ne te demande pas ton avis, à toi ! Va, si tu veux, à la ferme, retrouver mes poules. Mais, si tu restes, sache qu’on est ici pour bien écrire et pour peu parler.
— C’est peut-être vous, monsieur Gaskine, s’écria mademoiselle Scharow en agitant les mains, comme fait une oie qui bat de l’aile ; c’est peut-être vous qui serez notre rédacteur en chef ?
— Vous l’avez dit, ma bonne dame !
— Mais…
— Oui, je ne sais pas écrire ? Mais mon fils, que voilà, n’est bon qu’à ça. Il écrira pour moi. Je ne sais pas lire ? Mais vous savez sans doute, les uns et les autres, lire vos écritures ? Je dicterai, on écrira. Vous lirez et j’écouterai ! Ce n’est pas plus difficile que cela.
Un silence de stupeur, qu’éraillait faiblement une sorte de rire mystérieux, suivit ces paroles.
Mademoiselle Scharow n’était ni vaincue ni convaincue.
— Vous dites que madame Ossokhine vous a chargé de la remplacer ?
Gaskine déplia le papier signé, et le mettant sur la table, bien étalé :
— Tenez ! vous êtes bien sûre que je suis incapable d’écrire un faux. Est-ce son écriture ?
— C’est son écriture ! balbutia mademoiselle Scharow.
— Et sa signature ?
— Et sa signature !