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L’ENNEMI DES FEMMES

— Est-ce que vous lui avez dit cela ?

— Je me suis bien gardé de lui parler. J’aurais été capable, par politesse, de lui faire compliment.

— Sur quoi ?

— Sur son imprudence, sa naïveté. À quoi lui sert de tenir la plume avec tant de finesse pour qu’elle expie ensuite les sottises d’un collaborateur d’occasion ?

— Que voulez-vous dire ?

— Que l’article pour lequel on l’a condamnée n’est pas d’elle ; que l’instituteur existe bien réellement. Je l’avais deviné. Je le connais.

— Elle a eu tort, — répondit Petrowna d’un ton dédaigneux, — de ne pas laisser punir cet homme. Elle est peut-être tombée dans un piège que vous lui avez tendu.

— On dira cela !… C’est possible ! — s’écria Diogène avec un haussement d’épaules. — En tout cas, elle n’a pas voulu ruiner un père de famille.

— Et il souffre une pareille injustice, cet homme-là ?

— Elle aura trouvé le moyen de le rendre lâche, en lui persuadant qu’il était un héros. Après tout, quelle injustice a-t-on commise ? madame Ossokhine est coupable. Pourquoi a-t-elle accepté la prose de ce cuistre mendiant ? De quoi se mêle-t-elle ? Qu’elle marie les gens ! à la bonne heure. Un mariage est une intrigue féminine. Mais vouloir régenter les gouvernements, cela dépasse sa compétence.