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L’ENNEMI DES FEMMES

geaient d’allure, de couleur, d’intention, en arrivant au despote, chargé de leur donner une interprétation constitutionnelle.

C’était, il faut le dire, le moindre de ses soucis. La Constitution, qui accordait à toutes les religions et à toutes les races indistinctement des droits égaux, était outrageusement violée, et c’était faire partie de l’opposition radicale, en ce pays comme en certains autres, que de se proclamer le défenseur des lois. Les petits-russiens juifs et allemands, qui forment les deux tiers de la population, étaient bafoués et opprimés par l’autre tiers polonais.

C’était le temps où l’on chassait à coups de bâton de l’hôtel de ville de Lemberg les électeurs juifs, afin d’obtenir par la force, dans les élections pour la Diète, les députés exclusivement dévoués au gouverneur polonais.

Une fermentation dangereuse, dont le gouvernement central était avisé, mais dont on se gardait bien de lui dire les causes, couvait dans les populations juives et petites-russiennes. L’ordre arriva de Vienne de veiller avec soin. Les tyranneaux n’en demandent pas davantage. C’était, selon la méthode d’interprétation du gouverneur, lui accorder un blanc-seing pour tous les actes d’arbitraire qu’il jugerait à propos de commettre.

S’il n’eut pas à réprimer une révolution, ce ne fut pas sa faute, car il fit tout ce qu’il put pour la fomenter. À propos d’un peu de tumulte et de quelques conciliabules, dans divers districts de l’Est, il