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L’ENNEMI DES FEMMES

qu’elle ne voulait pas compromettre, madame Ossokhine était devenue invisible.

Petrowna fut désolée et agitée des dangers que courait son amie. Elle alla à Troïza trouver le vieux Gaskine, qui lui dit avec un éclair dans les yeux :

— Si tous étaient comme moi, le gouvernement se garderait bien de toucher à cette sainte. Les jeunes gens de la ville sont des lâches.

En revenant, Petrowna dit avec un accent héroïque à Constantin stupéfait :

— Ne me parlez pas d’amour, tant que madame Ossokhine sera menacée.

— Mais si elle est condamnée ?

— Vous permettriez qu’on la condamnât ?

— Comment faire pour l’empêcher ?

— Alors, monsieur Constantin, nous porterons le deuil, jusqu’à ce qu’elle soit libre.

— Mais si elle est condamnée à un an, à deux ans de prison ?

— Nous attendrons un an, deux ans.

En recevant cette réponse, et malgré son ardent amour, ou plutôt, à cause de son amour, Constantin ne put s’empêcher de se rappeler certaines remarques ironiques de Diogène sur le caractère de Petrowna.