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L’ENNEMI DES FEMMES

plètement dès que M. Pirowski avait quitté le salon.

Léopoldine boudait tout le monde. Melbachowski semblait chercher une occasion de querelle avec le major, et celui-ci, jugeant lui-même inutile, après la déclaration de Constantin, de lui disputer sa conquête, se réservant peut-être pour plus tard, après le mariage, soupirant en disponibilité, allait et venait dans le palais de bois, adressant des compliments à Léopoldine, qui dédaignait de lui répondre, et n’ayant la chance d’être écouté de madame Pirowska que pour en être ensuite plus tourmenté.

On le voit, les grains semés par Diogène germaient dans toutes les âmes. Constantin et Petrowna seuls étaient heureux.

Même entre eux il y avait un nuage. Constantin avait eu des renseignements sur madame Ossokhine, il les avait communiqués à Petrowna, et il était étonné et contrarié de l’intérêt qu’elle prenait à des désagréments qui étaient purement politiques.

On parlait, en effet, vaguement dans la ville de menaces suspendues sur la tête de Nadège. Le gouvernement, irrité de la propagande que faisait son journal dans les campagnes, après un avertissement resté inutile, était décidé, assurait-on, à sévir énergiquement.

Petrowna, en apprenant ces nouvelles, avait couru chez madame Ossokhine ; mais, soit prudence pour elle-même, soit précaution pour ses amis