— Je sais bien que je suis trop jeune pour avoir vos secrets ; mais me faudra-t-il attendre l’âge de M. Gaskine pour les mériter ?
— Non, mignonne, repartit Nadège ; et elle ajouta en riant : — Quand vous serez la femme de Constantin, vous saurez tout ce que je vous cache.
Petrowna rougit. Elle ne pouvait promettre de se marier assez vite pour que son amitié fût bientôt satisfaite. Mais elle pensa qu’elle forcerait bien Constantin à s’informer, et à lui dire la vérité sur le mystère qui occupait Nadège.
Constantin ne manqua pas d’accourir à Slobudka, quelques heures après l’avoir quitté. Il fallait qu’il fit ratifier de sang-froid ses fiançailles. Il arriva comme Petrowna revenait de sa visite à madame Ossokhine.
Il faut pardonner à la jeunesse si, dans le premier quart d’heure du tête-à-tête de ce beau jeune homme et de cette belle jeune fille, Petrowna ne put trouver une occasion de parler de la tristesse et du mystère qu’elle avait surpris dans la physionomie, dans les paroles, dans toute l’attitude de Nadège. Elle était trop émue de l’air radieux de Constantin, elle était trop embarrassée de ses émotions et de son inexpérience, pour soutenir le rôle qu’elle avait voulu jouer jusque-là. Elle fut simple, aimante et faible devant les sommations renouvelées de ce vainqueur. Elle lui abandonna sa main, dans laquelle il sentait palpiter son cœur.