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L’ENNEMI DES FEMMES

— Si, tout presse, au contraire. Vous direz à votre fils que je lui permettrai de faire des vers pour le mariage de son ami Constantin et de Petrowna ma pupille. Quant à vous, mignonne, vous direz à M. Constantin que je vous invite tous les deux à la noce de Jaroslaw Gaskine. Il y aura deux belles fêtes, puisqu’il y aura deux unions loyales. Si je ne pouvais y assister, je les bénirais de loin.

Petrowna ouvrait des yeux surpris ; Gaskine fronça les sourcils.

— Il n’y aura pas de fêtes chez moi, reprit-il en grondant, si vous n’êtes pas là pour en donner le signal.

— Vous avez tort, Gaskine, de tenir tant à ma présence. Voilà une enfant qui peut vous raconter une belle fête, donnée hier sans moi, et qui n’a peut-être réussi que parce que je n’y étais pas.

— Méchante ! murmura Petrowna, en lui jetant les bras autour du cou.

— C’est possible ! repartit le paysan entêté. Mais, moi, vaille que vaille, et coûte que coûte, je vous attendrai.

Nadège qui craignait que, malgré les clignements d’yeux et les interruptions, le vieux Gaskine ne vint à aborder devant Petrowna le sujet de sa visite et de son inquiétude, enlaça doucement la jeune fille, lui fit de nouveaux compliments et la reconduisit jusqu’à la porte.

En recevant le dernier baiser de son amie, Petrowna lui dit :