Tout à coup une petite porte s’ouvre, et une belle jeune fille, en kazabaïka cerise garnie d’hermine, en sort avec vivacité. En se retournant pour fermer la porte, elle fait voler ses longues tresses blondes qui viennent frapper le flanc du cheval comme deux coups de fouet.
Le cavalier, saisi de cette brusque apparition, de cette beauté qui lui éclate au regard, arrête son cheval ; mais le cheval que la kazabaïka rouge a ébloui, et que la pression de la main de son maître fait cabrer, se jette si violemment de côté que le cavalier est désarçonné et vient rouler aux pieds de la charmante apparition, comme un dieu amoureux qui se précipite d’un nuage.
La jeune fille pousse un cri perçant. Elle s’incline, avec ses grands yeux enflammés de terreur, vers le cavalier tombé, et lui tend ses deux mains mignonnes pour l’aider à se relever.
Il se soulève sur un genou d’abord ; son chapeau a roulé bien loin ; ses bottes longues, son pantalon gris, son gilet blanc, sont outrageusement contaminés par la boue. Il se redresse, moucheté comme une panthère, le visage riant d’un rire extatique, les cheveux en désordre, ravi de sa chute comme d’un stratagème improvisé, tenant les deux petites mains qu’il a saisies, les yeux enchantés par le regard à la fois confus et sauvage que lui jette la jeune fille :
— Êtes-vous blessé, lui demande-t-elle enfin ?
— Pas le moins du monde !… Et pourtant si,