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XI

L’AMOUR ET LA HAINE

Le lendemain du bal qui s’était prolongé très tard, avant que personne fût levé dans le château, Petrowna, qui n’avait pas dormi tout en rêvant beaucoup, et qui pourtant ne ressentait aucune fatigue, partait en voiture pour la ville, accompagnée d’une domestique cosaque, et allait se jeter dans les bras de madame Ossokhine.

Nadège n’eut pas besoin d’autre confidence que les baisers, que les rires légèrement troublés de sa jeune amie, pour tout apprendre et pour tout deviner.

— Je vous le disais bien, mon enfant, que ce bal était une bataille et que vous auriez la victoire.

— Est-ce la victoire pour toujours ? demanda Petrowna, dont les yeux étincelaient, et qui, étonnée de son bonheur naïf, essayait, par une taquinerie mutine, d’en douter pour en être persuadée de nouveau.