Comme il était là, depuis vingt minutes environ, il vit entrer Constantin, rouge, essoufflé, haletant, s’éventant de son mouchoir.
Pendant qu’il se faisait servir, Diogène l’aborda avec son verre plein.
— Permettez-moi, monsieur Constantin, de boire à vos succès,
— Quels succès ? répondit gaiement le jeune homme en s’essuyant le front. Buvez plutôt à ma fatigue ! Je viens de danser une mazurka qui comptera dans ma vie.
— Avec la belle Petrowna ?
— Non. Elle a refusé pour cette fois. Elle a voulu que je fisse politesse à cette belle Arménienne, dont le mari a tant de diamants aux doigts et à la chemise. Je n’ai pas pu refuser. Mais si cette orientale est une belle statue, elle n’a pas l’habitude de la danse. Je suis brisé.
— Voilà une des charges de votre emploi ! répondit Diogène d’un rire aigu. N’avais-je pas raison de vous dire que les femmes sont fatigantes ?
— Les femmes des autres, c’est possible ! répliqua Constantin en vidant un grand verre de vin de Champagne.
— Les femmes des autres ! reprit Diogène. Ne dirait-on pas que vous êtes déjà marié ?
Constantin se tut, se repentant peut-être d’un accès involontaire de présomption.
— Cette Arménienne est donc une grande amie de mademoiselle Petrowna ? demanda Diogène.