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L’ENNEMI DES FEMMES

Cette loyauté le provoquait et le torturait. Son ironie implacable était en déroute.

Qu’était donc devenu cet orgueil toujours en révolte de Petrowna ?

Était-ce Constantin qui avait opéré le prodige d’une réforme si absolue ? Non ! l’honneur de ce miracle ne revenait pas tout entier à l’amour loyal d’un honnête homme ; il fallait plutôt en attribuer le mérite à cette Nadège Ossokhine, si sûre de son influence qu’elle ne venait pas en surveiller les effets et qu’elle se contentait de jouir de loin de sa domination !

Diogène, dans la fureur de ses sophismes, se trouvait provoqué par cette douceur de Petrowna, et croyait revoir, dans les yeux de la blonde jeune fille, cette lumière insolente qu’il détestait dans les yeux de Nadège.

Pendant trois quarts d’heure, se promenant à travers le bal, ricanant, cachant son dépit sous un verbiage spirituel, dont il secouait les flammèches à travers les danseurs et les danseuses, il cherchait en lui une médisance, non pas infaillible, mais seulement possible, à risquer contre ce couple, uni d’avance sans un aveu explicite, et qui paraissait si certain d’arriver à l’amour, qu’il dédaignait de se hâter.

Il devenait plus fou que tous les fous dont il se moquait et dont il prétendait faire ses marionnettes. Ces deux candeurs ingénues émoussaient toute sa science et toute sa malice.

Il regardait Petrowna, de loin, à la dérobée, avec