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L’ENNEMI DES FEMMES

— Je te dis ce que je sais ; je ne dis rien de plus. Crois ce que tu veux !

— Ah ! si le major l’invite, et si elle accepte !…

— Ferais-tu la sottise de te fâcher ? Va plutôt inviter Petrowna.

Melbachowski quitta brusquement son ami, furieux de ce qu’il lui avait dit, mais disposé malgré tout à le croire, car il avait une foi obstinée dans sa pénétration.

Diogène, qui se sentait en verve méchante, n’avait aucune raison pour épargner le major. Il alla droit à lui.

Le beau Casimir, se dégageant autant que possible de la cohue, restait dans l’embrasure d’une porte, comme dans un cadre naturel qu’il emplissait de sa gloire. Il se tenait debout, superbe, imposant, raidi par les broderies de son uniforme, les regards projetés au loin, savourant en satrape cette mêlée de jolies personnes qui semblaient ne danser et ne valser que pour attirer son sourire.

— Vous ne valsez pas, major ? lui demanda Diogène.

— Mademoiselle Petrowna craint de se compromettre en valsant avec moi, répondit-il en fermant à demi les yeux d’un air naïf et supérieurement modeste.

— Je la croyais moins peureuse ! N’est-ce pas plutôt que Constantin lui a défendu de valser avec vous ?

— Lui ! si je savais cela !