— Vous êtes une mauvaise langue, monsieur Diogène !
— C’est possible, car je suis une langue sincère.
— Mais, avec moi, vous perdez votre temps.
— Je suis alors comme ce pauvre major avec Petrowna. Il est désespéré.
— Ah !
— Certainement. Il parle de changer de garnison. Petrowna, me disait-il hier, est la seule femme au monde que je puisse aimer !
— Ce n’est pas à moi, c’est à Petrowna qu’il faut aller dire cela. Vous êtes un confident bien discret !
— Je suis un ami charitable. Si vous essayiez de consoler le major ?
— Je m’en garderai bien ! dit Léopoldine dépitée.
Au même moment, Melbachowski s’approchait de Léopoldine pour l’inviter à valser. Il fut reçu par un regard enflammé. Elle s’excusa, refusa l’invitation par quelques paroles brèves, et, lui tournant le dos, alla s’asseoir en agitant furieusement son éventail.
— Qu’est-ce qu’elle a donc ? demanda Melbachowski stupéfait.
— Tu es arrivé mal à propos ! répondit Diogène. Tu es cause qu’elle ne valsera pas cette fois-ci. Elle avait promis sa première valse au major. Il n’est pas venu la réclamer ; elle est désolée.
— Tu voudrais me faire croire qu’elle fait attention à ce bellâtre ?