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L’ENNEMI DES FEMMES

La musique des hussards, mise, par le major, à la disposition des ordonnateurs de la fête, avait reçu un costume turc, et pour plus de couleur locale elle débuta par la marche des Janissaires.

Alors, toute la compagnie se mit solennellement en marche, par couples, se dirigeant vers une tente gigantesque dressée dans le jardin. Les invités trouvèrent là une table servie, avec un luxe extravagant, par des domestiques habillés, une partie à la vieille mode polonaise, une partie à la mode cosaque.

Un maître d’hôtel armé, ou orné d’un bâton d’argent, présidait à la cérémonie.

Le repas fut gai et prépara l’entrain du bal.

Diogène semblait vouloir enivrer et affoler tous les assistants. Il fut d’une verve intarissable ; porta dix ou douze toasts, et n’interrompit les fusées de son esprit que quand Melbachowski donna le signal du feu d’artifice dressé à l’extrémité d’une pelouse.

Après le bouquet, la marche de Dombrowski se fit entendre ; les hourrahs éclatèrent, et Diogène réclama le privilège de conduire, selon l’antique usage, la Polonaise.

En France, l’exercice violent qui porte le nom de polonaise, et les danses qui suivirent, eussent semblé bien superflues après ce tumulte, ce repas, ces griseries de toutes sortes. En Galicie, la danse a besoin de ce prologue, de ce premier délire qui prépare l’autre.