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LA COUPE DES FIANÇAILLES

Le soleil se couchait, comme Nadège entrait dans la ville ; le crépuscule violet étendait un tapis lumineux sous les pas de sa monture, pour ajouter une illusion à la réalité de cette journée triomphale. Nadège fit lentement le chemin qui lui restait à faire. Il lui semblait qu’au seuil de sa maison de veuve, toute cette pompe dont son cœur était illuminé allait s’évanouir.

En effet, dès qu’elle se trouva seule dans son salon, sa joie se fondit en mélancolie.

— Faut-il accepter ce bonheur d’aujourd’hui comme un présage, ou comme une consolation, pour un bonheur à jamais perdu, se dit-elle. Si je fais de Jaroslaw un homme, ne puis-je faire d’un autre ce qu’il devrait être, un homme supérieur ? Combien me faudra-t-il briser d’instruments dont il se sert pour me menacer, avant de l’atteindre ? Toutes