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L’ENNEMI DES FEMMES

Nadège sourit, lui prit le bras et entra par un spacieux vestibule dans une grande pièce qui était, à coup sûr, le salon de réception de la ferme.

Quatre petites fenêtres, ayant de véritables petits carreaux de verre, donnaient un jour doux et gai au plancher fraîchement lavé, aux murs blanchis à la chaux.

Un canapé antique qui craquait un peu, quand on s’appuyait trop au dossier, était couvert d’une percale à fleurs, et faisait vis-à-vis à trois chaises dont les dossiers représentaient des lyres rustiques.

Une table en bois, soigneusement cirée, tenait le milieu de la chambre.

Une armoire en chêne, frottée d’encaustique, avec des ferrures gigantesques, défiait de sa prestance une étagère en face chargée de jolie vaisselle et de curieux vases d’étain. Au-dessus de l’étagère, une horloge à balancier sonore parut hausser le ton à l’arrivée de Nadège Ossokhine.

Le portrait de l’empereur, dans un cadre doré, dominait le canapé et attestait la soumission du vieux Gaskine à l’autorité. D’autres images, violemment coloriées, étaient suspendues au mur. Le rouge de toutes les manières, pourpre, sang, feu, dominait dans ces enluminures. Devant l’incendie de Moscou, étincelait la destruction de la flotte turque à Navarin. Le massacre de la noblesse polonaise par les pays[sans] et les Cosaques petits-russiens, faisait pendant à la sainte