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IX

LE TRIOMPHE DE LA VÉRITÉ

Ce fut un grand jour pour le village de Troïza que celui où le vieux Gaskine, assis devant sa porte, par un dernier beau jour d’automne, vit enfin apparaître au loin, sur la route, la vision qu’on lui avait promise et que, d’après une lettre de son fils, il attendait depuis le matin.

Il aperçut, de ses petits yeux qui voyaient loin, une femme, belle comme une sainte, à cheval comme une reine du temps passé, se détachant comme une image d’église sur le fond d’or que le soleil mettait derrière elle. Elle était coiffée d’un petit bonnet cosaque, posé fièrement sur sa tête. Son amazone ample se soulevait au galop de son cheval.

— C’est elle ! mes amis, — dit le vieux Gaskine au chantre et à trois autres personnes qui se tenaient comme lui aux aguets. — Ne lui faites pas peur ! elle serait capable de s’en retourner, si