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L’ENNEMI DES FEMMES

qu’elle défendait. Jaroslaw avait assez de talent en germe pour en avoir beaucoup après des études sincères. Elle regardait avec une sorte de ravissement maternel et héroïque cette réconciliation, et je ne crois pas faire tort à l’idée que je veux faire concevoir de cette femme supérieure, en disant qu’elle voyait un symbole, dont son âme palpitait, dans cette réconciliation de l’homme de la terre et de l’homme de l’esprit, dans cette accolade paternelle donnée par le paysan au poète ; car elle était bien sûre de faire un poète de ce versificateur, puisqu’elle allait faire un homme de cet enfant en retard.

Nadège, en retenant Jaroslaw quelques jours auprès d’elle, voulait fortifier la conversion du poète, le détacher, sans retour, de Diogène et savoir en même temps par lui toutes les précautions qu’elle aurait à prendre contre la haine de l’ennemi des femmes.

La soumission du jeune Gaskine avait été trop enthousiaste et trop subite, pour ne pas exposer ce caractère faible à une rechute. Il était urgent de cicatriser vite la blessure faite à sa vanité.

Madame Ossokhine mit de la coquetterie dans son œuvre.

Elle commença par faire acheter toute l’édition du volume de vers, sans paraître l’acheter elle-même.

Cette façon de le supprimer ménageait, extérieurement au moins, l’amour-propre de Jaroslaw,