« Ce n’est pas permis, répétait-il constamment. Le Talmud n’autorise pas la tromperie, même vis-à-vis d’un païen. Il ne permet même pas de lui dire par politesse : « Je suis heureux de te voir en bonne santé ! » si tel n’est pas le cas.
— Mais tu admettras au moins qu’il arrive que les juifs, les païens, les mahométans trompent ! objecta Pintschew.
— Cela arrive, dit Mintschew, mais le juif qui agit ainsi désobéit aux préceptes du Talmud, lequel défend tout ce qui n’est pas franc et droit. Il y a des méchants partout, il y en a toujours eu dans tous les pays, et aussi parmi les juifs.
— Taxes-tu les rabbins et les saints hommes parmi les méchants ? s’écria Pintschew. Je vais te raconter une histoire ; écoute-moi un moment, et je te la narrerai.
— Raconte. »
Mintschew ferma les yeux.
« Rabbi Jochanan souffrait des dents, commença Pintschew ; il consulta une vieille femme qui connaissait un très bon remède pour ces sortes de maux. Celle-ci exigea de lui le serment de ne dire à personne quel remède elle lui donnerait. Et Rabbi Jochanan jura en disant : « Je jure au Dieu d’Israël de ne pas révéler ton secret. » La vieille lui donna le remède ; il guérit, et il l’indiqua à tous ceux qui avaient mal aux dents.
— Par conséquent, il manqua à sa parole ? remarqua un des assistants.
— Non, il n’y manqua pas, repartit Pintschew, car lorsque la vieille femme lui fit des reproches, il lui répondit : « J’ai juré de ne pas révéler ton secret au Dieu d’Israël. Que me reproches-tu ? T’ai-je promis de ne pas parler du remède aux gens de ma connaissance ? »