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PINTSCHEW ET MINTSCHEW.

La britschka se mettait en mouvement.

« Quelles significations ont-elles ?

— Kinah : celui à qui son prochain donne lieu de se venger. »

Ici, les chevaux commençaient à trotter et Pintschew se cramponnait avec son bras droit au siège de la voiture et courait avec elle : « Et Dumiah ?

— Dumiah : et qui cependant n’en fait rien, » répondait Mintschew.

Pintschew était obligé de lâcher prise. La britschka partait rapidement. Il faisait alors de ses deux mains une sorte de cornet, l’appliquait contre sa bouche et criait de toutes ses forces : « Et Weadadah ?

— Celui-là, Dieu se chargera de sa vengeance, » répondait de loin Mintschew en se retournant sur son siége.

Lorsque Pintschew rentrait chez lui, Rachel prenait la robe, l’examinait et commençait à pleurer amèrement.

« Quelle nouvelle bêtise as-tu faite, mon doux Pintschew ! disait-elle en sanglotant.

— Eh bien ! qu’ai-je fait ?

— Tu t’es trompé de manches et tu as laissé traîner dans la boue la belle jupe de velours de madame la commissaire.

— Calme-toi. Je réparerai mon erreur, affirmait Pintschew tranquillement. Et quant à la jupe, je vais la nettoyer. Mais, dis-moi, sais-tu ce que signifient Kuniah, Dumiah, Weadadah ?

— Je l’ignore, pleurnichait Rachel, et je ne tiens pas à le savoir.

— Alors, je l’expliquerai à ton père et il en sera joliment content ! »

Pendant un incendie qui s’était répandu rapidement