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À KOLOMEA.

— Eh bien ! Mischnah signifie écouter, Dumiah, se taire, et Massah, savoir souffrir.

— As-tu bientôt fini ? criait le voyageur.

— C’est fait, monsieur le bienfaiteur. »

Maintenant, c’était autre chose : le fouet avait disparu. Mintschew le cherchait en vain, aidé par Pintschew. Ils ne le trouvaient ni l’un ni l’autre.

« Je veux partir, ordonnait le seigneur. — Il montait dans la voiture. — Que le diable emporte ton fouet !

— Il l’a déjà emporté, » répliquait Mintschew qui sautait sur son siège, adressait un signe à Pintschew et fouettait ses chevaux avec leurs rênes.

Les pauvres et maigres juments faisaient un effort et entraînaient dans leur élan Mintschew, qui roulait dans la boue, tandis que la britschka et le seigneur restaient immobiles.

Mintschew, la tête pleine de la Kabdallah, avait mal attelé. Tout honteux, il recommençait sa besogne. Par malheur, le voyageur découvrait alors le fouet au fond de la voiture. Il le prenait et en assénait un coup formidable sur le dos de Mintschew, qui se trouvait à sa portée. Mintschew, pour toute réponse, levait la tête et le regardait gravement :

« Sais-tu, disait-il en se tournant tranquillement vers Pintschew, ce que signifient les noms suivants dans le livre de Josué, lxxv, 2 : « Kinah, Dumiah, Weadadah » ?

— Ce sont des contrées en terre sainte, répliquait Pintschew.

— Sans doute, » répondait Mintschew avec son calme sourire.

Il avait fini d’atteler et était remonté sur son siège.

« Ce sont des noms de contrée, mais chacun d’eux a une signification particulière. »