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PINTSCHEW ET MINTSCHEW.

« Et voici ce que répond Risch Lakisch : Moïse dit, ve livre de Moïse, xvi, 3 : « Avec l’agneau pascal, tu ne mangeras pas de choses aigres. Pendant sept jours, tu mangeras du pain sans levain, c’est-à-dire du pain fait de céréales où on introduit habituellement du levain, et non des pains de riz ou de mil qui ont par eux-mêmes un goût aigre, et où l’on ne met pas de levain. » Ainsi, le Talmud prouve que le mil et le riz ne nécessitent pas de levain, et que, par conséquent, la défense de manger des aliments assaisonnés durant les fêtes de Passah ne les touche pas plus que les autres légumes. »

Pour toute réponse, Markus Jolles approuva de la tête et quitta l’auberge, entraînant avec lui Kauniz Blauweisz.

Deux jours plus tard, Finkel Schmolleben, l’agent matrimonial le plus en vogue de la contrée, vint trouver Pintschew, et bientôt après, de Tchernowitz à Lemberg, tous les Israélites se rapportèrent à l’oreille une grande nouvelle :

« Savez-vous que le jeune Pintschew a de la chance ? Le riche Markus Jolles lui donne sa fille Rachel en mariage. »

Cette chance extraordinaire avait ses petites ombres, comme toute félicité ici-bas. Rachel était douée d’un extérieur peu avenant ; elle ressemblait à une poupée qui aurait été cassée et mal recollée. Son visage était verdâtre et couvert de taches de rousseur ; elle avait des yeux bordés de rouge et constamment gonflés. À tout prendre, Rachel était une noix un peu dure, mais en somme une noix dorée, comme les noix des arbres de Noël.

Pintschew était aussi fier qu’un bourgeois riche qui est agréé en mariage par une comtesse de trente ans