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L’OURS AMOUREUX



Un jeune curé polonais, le père Lis, venait de s’installer dans le village de S…, propriété du comte M… Il devait sa place à la protection de la comtesse Amine, dans la maison de laquelle il avait passé quelques années remplissant les doubles fonctions de gouverneur auprès des enfants, et de courtisan auprès de la noble dame, chez qui l’âge n’excluait ni la gaieté, ni surtout la coquetterie.

Pendant que la comtesse, qui passait l’hiver en ville, accueillait les hommages d’un officier de dragons, notre galant curé, lui, essayait d’adoucir son exil en compagnie des dames du voisinage, ou des jolies paysannes de sa paroisse. Bientôt il acquit dans la contrée la réputation d’abuser de son saint emploi, et d’obséder les femmes et les jeunes filles d’assiduités plus qu’inconvenantes.

Un jour, une paysanne fort riche, connue pour sa beauté, et nommée Anastasie Karsuk, vint le trouver. Elle avait vingt-trois ans, à peine, et ne comptait que quatre ans de mariage.