pour se promener, pour « aller surveiller ses terres. » — Et Jacob, continua Pintschew. Qui donc a institué la prière du soir, sinon Jacob ?
— Tu remontes trop haut, mon bon, » ajouta simplement Mintschew.
Tout en causant, les deux amis avaient atteint la demeure de Mintschew.
« Ah ! je remonte trop haut ! vociféra Pintschew hors de lui. Maintenant, il est temps d’aller dormir. »
Il tourna sans façon le dos à Mintschew. Mais celui-ci l’avait déjà saisi par la manche. Ils recommencèrent le chemin qu’ils venaient de parcourir.
« Et s’il plaît au Talmud de faire dater de très-loin ce qu’il rapporte ? reprit Pintschew ; et si je te prouvais cela, moi, que dirais-tu ?
— Si tu me le prouvais ! »
Mintschew fut pris d’un rire si violent que tout son corps en trembla. Sa gaieté, toutefois, était factice et son rire presque glapissant.
« Oui, vraiment, continua Pintschew. Il est dit dans le Talmud : « La prière de celui qui parle chaldéen ne sera pas transmise à l’Éternel par ses anges, car les anges ne comprennent pas le langage chaldéen. » N’est-ce pas parfaitement exact ? demanda Pintschew avec un calme désespérant.
— Mais, Pintschew !… »
Ici, Mintschew se mit à rire de tout son cœur, comme un enfant joyeux.
« Puisque les anges connaissent tout ce qui se passe dans le cœur des hommes, comment veux-tu qu’ils ne comprennent pas le chaldéen ?
— Ils ne comprennent pas, puisque c’est le Talmud qui le dit, repartit Pintschew.