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PINTSCHEW ET MINTSCHEW.

« Il est prouvé, criait-il, que les Juifs, après la destruction de leur temple, tenaient des réunions publiques.

— C’est vrai, répondait Mintschew, mais ils ne se réunissaient pas pour prier. Ils se réunissaient pour discuter, pour lire et expliquer la loi mosaïque et les prophéties. Du reste, ces lieux, les Juifs ne les appelaient pas maisons de prière, mais bien « ben kakanessech » (lieu de réunion), un nom qui correspond au mot grec « synagogue ». Aujourd’hui, les Israélites appellent ces lieux des écoles, ce qui indique suffisamment qu’on y vient dans le but de s’y instruire, et pas du tout pour y prier. »

La jolie fille était restée immobile devant la porte.

« Mintschew ! appela-t-elle d’une voix douce.

— Esterka ! répondit-il ; c’est vous ? »

Il s’approcha d’elle et contempla un instant les beaux yeux de la juive, qui lui sourit, puis disparut dans l’obscurité.

« Mintschew ! geignit Pintschew, inquiet comme un enfant qui a perdu sa mère ; Mintschew, mon doux Mintschew, où donc es-tu ?

— Ici ! qu’y a-t-il ?

— Ne t’en va pas, je t’en prie.

— Mais il est temps de se retirer.

— Eh bien ! attends-moi. Je vais t’accompagner. »

Il saisit Mintschew par le bras, et se maintint solidement près de lui.

« Mintschew, tu en appelais au Talmud, me semble-t-il. Mais le Talmud ne dit-il pas, dans le Tractat Barachol, 4, que les prières étaient ordonnées aux patriarches ? C’est Abraham qui a institué la prière matinale.