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MAGASSE LE WATACHEKO.

— Je le sais bien. Je suis adorée par le meilleur homme de nos montagnes.

— Il serait un fameux imbécile, peu digne de la clarté de ce beau soleil, s’il ne t’adorait pas. Mais tu pourrais avoir bien d’autres amants. Des seigneurs, des beaux messieurs, des princes, autant que tu en voudrais. Comment t’appelles-tu ?

— Wera Gregorevitch. Gardez vos propositions pour vous, et que je n’en entende plus parler ! Ne vous fatiguez pas inutilement, et partez vite avant l’arrivée de Magasse.

— Il va venir ?

— Hé ! sans doute. »

Le jeune prêtre s’était assis à côté de la géante.

« Tu pourrais avoir un trésor, un riche trésor ; et cela, sans exercer la magie.

— De quelle magie voulez-vous parler ? s’écria-t-elle indignée.

— N’êtes-vous pas toutes sorcières dans ces montagnes ? Et toi surtout, n’as-tu pas ensorcelé le terrible Watacheko ?

— Pour y arriver, la magie aurait été bien superflue, repartit Wera avec dignité et en se mordant les lèvres. Et ce trésor, comment puis-je me le procurer ?

— Un vrai trésor d’argent, d’or et de pierres fines. Si tu veux nous livrer Magasse, il est à toi.

— À quoi peut vous servir Magasse, et que feriez-vous de lui ? demanda-t-elle naïvement.

— Nous le pendrions ! »

La Houzoule bondit avec l’impétuosité d’un enfant de sa race. Ses yeux lancèrent des éclairs ; sa bouche frémit.