— Un brigand pareil sait-il écrire ? demanda l’abbé avec surprise.
— Il est tout-puissant, fit le Cosaque.
— Imbécile ! lui cria la baronne.
— Ça n’empêche pas que c’est ainsi, affirma le vieillard profondément vexé et appliquant la main sur son cœur.
— Il a raison, reprit M. Adam. Magasse a pour ami une espèce de prophète, le fils d’un pope qui était diak[1], et que l’Église a expulsé. Cet individu lui sert de secrétaire.
— Vous voyez, madame ! Et je pourrais encore ajouter d’autres détails, grommela Petienko. »
La baronne soupira.
« Ces récits effrayants vont vous enlever à nous, n’est-ce pas, monsieur ?
— Moi ? répondit le père Antoni, pas le moins du monde ; ils me divertissent »
Tout à coup les chiens se mirent à aboyer dans la cour avec rage. Des voix s’élevèrent très animées. On entendit des pas lourds sur l’escalier. Le Cosaque ouvrit la porte et regarda au dehors.
« Qu’arrive-t-il encore ? gémit M. Kauwigki.
— C’est Michel.
— Que demande-t-il ? »
Michel, gros fermier rebondi, les oreilles percées d’anneaux d’argent, entra tout ahuri. Sans saluer aucun des assistants, il se prit la tête à deux mains et la balança durant quelques minutes dans l’attitude du plus profond désespoir.
- ↑ Chantre.