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aux ancêtres. Ces honneurs ou ce culte, comme on voudra (car je ne viens pas renouveler ici la fameuse querelle des Jésuites, qui eut pour résultat de les faire expulser il y a 200 ans), ce respect vrai ou faux, cette vénétation sincère ou hypocrite se traduit par toutes sortes d’inscriptions plus ou moins bizarres sur des monuments ou petites pagodes. — « La Chine, comme on l’a dit, est le pays des mauvais pères et des bons fils.

La Pagode ou tombeau de famille.

« Le tombeau de famille que nous visitâmes, autrement dit la pagode de Zi-ko-Weï, est un édifice considérable, avec une salle immense, des statues colossales, toutes dorées et sculptées avec un art infini, mais tout cela commence à tomber en ruine. — Le pays que nous parcourûmes durant cette promenade, s’offrit á nos yeux sous un aspect si extraordinaire que nous regrettâmes beaucoup de ne pouvoir séjourner plus longtemps.

Départ de Chang-hay.

« En quittant Chang-hay nous partîmes avec une cargaison de Chinois pour Emoï. Les histoires lugubres que l’on racontait alors de navires partis pour la Californie avec des émigrants du Céleste Empire, les massacres des équipages par leurs passagers, n’étaient pas faits pour nous rassurer. Les Chinois, d’une lâcheté proverbiale chez eux, deviennent d’une hardiesse souvent dangereuse dès qu’ils se voient hors de la portée de la justice expéditive de leur pays.