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Les missionnaires en Chine et en Océanie. Appréciation comparative.

« Ces jésuites ne ressemblent guère aux missionnaires de l’Océanie, non qu’ils aient moins de dévouement. Il y a bien peu de temps qu’ont cessé les persécutions et les supplices dont fourmillent les annales des missions. La politique européenne a eu gain de cause dans les derniers événements qui se sont passés en Chine, et la présence des bâtiments de guerre des nations d’Occident sur les côtes du Céleste Empire a changé la situation. Le canon inspire respect. — La différence qui existe entre les Jésuites établis en Chine et les missionnaires de l’Océanie, se fait surtout remarquer dans l’emploi des moyens que chacun a mis en œuvre pour arriver à d’heureux résultats suivant l’intelligence des peuples. Les uns et les autres ont su proportionner ces moyens suivant les exigences naturelles et bien qu’on soit séduit de prime abord par l’esprit, l’aménité et le savoir-vivre des uns, ce serait peut-être à tort qu’on leur supposerait plus d’intelligence et de tact qu’aux autres. Les peuples océaniens, enfants de la nature, d’une intelligence un peu grossière, mais susceptibles de grands développements, comme tout ce qui est jeune et fort, ont besoin du sans façon, du bon sens et de l’évangélisation simple et rude des missionnaires. Il faut là l’exemple du travail, puisqu’un grand nombre d’îles, malgré leur fertilité apparente, sont souvent en proie à la disette, faute d’être cultivées. Mais en Chine, le peuple de la terre qui possède au plus haut degré le sentiment des convenances et des formes, pointilleux et raisonneur à l’excès, céré-