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de voyage.

manches. Une véritable mascarade dont le confortable faisait alors oublier le ridicule.

« L’établissements des PP. Jésuites à Zi-ko-Weï, est une espèce de maison-mère où les missionnaires fatigués viennent se reposer et reprendre de nouvelles forces. C’est aussi un noviciat pour les jeunes gens nouvellement arrivés d’Europe. C’est là qu’ils s’instruisent des mœurs, des usages et de la langue du pays, et ce n’est guère qu’après deux années d’exercice qu’on les lance dans l’intérieur. — Cet établissement est considérable et embrasse dans ses dépendances un pensionnat pour les jeunes chinois ; car il est de bon ton à Chang-Hay d’envoyer ses enfants chez les Jésuites. Il y a maintenant trente missionnaires dans la maison, sans compter les frères servants, dont deux seulement sont européens.

Dîné chinois chez les Jésuites.

« Tout le temps de notre séjour, nous avons mangé au réfectoire, à la table des étrangers, et c’était un spectacle curieux au moment du Bénédicité que tous ces Européens, travestis en chinois, debout devant des tables et les mains dans leurs manches. — L’ordinaire est fort bon ; cuisine moitié chinoise, moitié française ; bourgeons de frêne au lait, tiges de bambou en salade. Le cuisinier de la maison était un cordon-bleu. Nous buvions du vin de riz, qui rappelle un peu le sauterne. Je ne suis pourquoi on n’en fait pas avec du raisin, qui vient admirablement dans cette partie de Chine.

« Après le dîné tout le monde se retira dans une sorte de parloir ; on apporta du thé et des pipes, puis les causeries commencèrent