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plus drôle, c’est que le chancelier ne sait pas un mot de chinois et que le chinois ne sait pas un mot d’autre chose. Enfin ils s’entendent, c’est tout ce qu’il faut. Pour achever, ce chinois est soldat de l’empereur, précisément peut-être parce qu’il a la mine la moins guerrière et la plus bête du monde. Il est en pourparler pour vendre sa charge de soldat et en demande 30 piastres. Quand je pense qu’en France il m’a fallu payer 1 200 francs pour me faire remplacer !

« Nous avons été passer quelques jours chez les PP. Jésuites de Zi-ko-Weï, petit village situé à trois lieues de Chang-hay, où les Pères ont un établissement qui a été concédé à la compagnie il y a environ 200 ans par un empereur de la Chine, dont on voit le tombeau.

25 février 1852.
Les Jésuites de Zi-Ko-Weï.

« Nous fûmes reçus non comme des étrangers, mais comme des amis. Il faisait un froid horrible ; la neige couvrait les chemins, et, avec l’exiguité de nos vêtements européens, nous n’étions guère à notre aise. En arrivant chez les jésuites, on nous couvrit de manteaux, on nous enveloppa la tête de bons bonnets fourrés et les pieds dans de belles pantoufles de soie, doublées de fourrures. Malgré la température souvent très-froide de Chang-hay et de ses alentours, il n’y a pas de cheminées dans les maisons, aussi trouvâmes-nous que les vêtements dont on nous affubla étaient très-appropriés à la circonstance : pantalons de drap à larges bords et serrés à la cheville, veste en forme de paletot, et par-dessus, une sorte de robe de chambre fourrée, à larges