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ruisselaient de sueur. Je ne saurais m’habituer à considérer des hommes comme des bêtes de somme et j’éprouve pour ce mode de transport la plus grande répugnance. Il paraît du reste que le métier de cheval n’est pas plus pénible qu’un autre. Dans l’Inde, pays des Nababs, on ne voyage qu’en palanquin ; mais le palanquin est une véritable chambre, où l’on peut écrire, lire, manger et dormir. Il y a toujours huit hommes pour le service d’un palanquin, quatre s’y attellent et se relaient tour à tour, ceux qui ne portent rien suivent comme dans la chanson de Marlborough. Leur vitesse est celle du grand trot d’un cheval et ils parcourent de ce train de très-grandes distances.

Ville chinoise.

« Nos hommes étaient extrêmement adroits et j’ai admiré la sureté et l’aplomb de leurs pas, car il en fait beaucoup pour circuler, même à pied, au milieu de ce fouillis d’hommes et de choses les plus hétérogènes du monde. On ne saurait se figurer ce que c’est qu’une ville chinoise avec ses maisons basses et obscures, ses rues dont la plus large l’est moitié moins que la plus étroite de celles du vieux Rouen. C’est dans ces couloirs, à peine pavés de dalles défoncées, pleins de fange et d’immondices, véritables cloaques, que se pousse, se presse, se heurte en tous sens une population innombrable qui crie, hurle et vocifère comme en un jour d’émeute.

« On y voit des marchands qui étaient toutes sortes de dégoûtantes choses qu’il faut être Chinois pour aimer ; pâtisseries au sucre et au lard