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de voyage.

intestins qui sont remplacés par du taro et des ignames. Le tout, ainsi farci, est cuit avec des pierres chaudes, usage commun à toute la Polynésie pour la cuisson des aliments. — Quand le corps est à point et les chefs assemblés, on découvre la tête et les cheveux ; la victime est accroupie les mains sur les cuisses, selon l’usage kanac. Un piquet sert d’appui ; Il y en a quelques fois trente ou quarante quand les prisonniers de guerre ou les morts dans le combat ont été nombreux.

« On débute par un Kava ; à côté du chef qui préside est le Tufa, écuyer-tranchant, puis le peuple et les invités rangés en cercle. Au centre, faisant face au chef, sont les victimes. Le Président ouvre la séance par un speech culinaire, dans lequel il développe habilement les qualités de telle ou telle victime, les raisons qui doivent faire préférer certaines parties, comme par exemple, l’œil à moitié cru, le sein d’une femme ; la plante des pieds et la paume des mains grillées sont particulièrement recherchées. — Quand il a fini, on applaudit, on pousse des cris de joie, puis chacun s’adresse au Tufa qui découpe les morceaux demandés.

« Il y a à Fidji un chef qui a une espèce de Parc aux Cerfs qui lui sert à deux fins. Les femmes passent de la natte conjugale à l’abattoir. La chair humaine dans toute la Polynésie est Tabou pour les femmes. »

14 novembre 1851.
En mer.

« Nous devons débarquer à Tikopia, ce bon P. Roudaire qui va s’établir sur cette petite île