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de voyage.

marques de sa dignité, des lances de toutes sortes et des instruments de supplice. — Nous prîmes là notre repas, et après une heure de repos, le Vérak nous guida vers Kurang-Alsem, que nous atteignîmes en demi-heure. — Notre hôte montait un beau cheval avec beaucoup d’aisance et de vigueur. Il était suivi de deux malais, dont un était son porte-feu et l’autre son pourvoyeur de bétel. — La route est des plus curieuses et le paysage d’un grandiose magnifique. À droite et à gauche, une forêt de beaux arbres que les lianes rendent impraticable, mais où il y avait parfois des éclaircies qui laissent apercevoir de belles cultures, des prairies couvertes de troupeaux de buffles. L’aspect de ces terrains boisés, qui alternaient avec cette riche campagne, était encore varié par les hautes tiges des bambous. C’était tantôt un rideau de verdure qui s’étendait des deux côtés de la route, tantôt des échappées à perte de vue.

Enfin, nous arrivâmes à cette merveille qu’on a nommée Kurang-Alsem, palais abandonné où tout dénote une antique décadence : des arbres séculaires, croissant encore à pleine sève dans des parcs délaissés, des cours silencieuses, remplies d’herbes sauvages, des eaux verdâtres croupissant dans des bassins. — Nous nous promenâmes longtemps sous l’ombrage des jardins qui entourent ce vieux palais solitaire et qui paraissait avoir été dessiné avec art et beaucoup de goût. Le Vérak nous fît remarquer de belles fresques peintes sur les murs extérieurs d’un ancien pavillon isolé. Ce sont des représentations