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âne, aussi est-on dans l’usage d’avoir un domestique pour porter sa bourse.

Le Rajah.

« Le Rajah est le souverain maître de Lombok ; son gouvernement est des plus despotiques. Nul ne s’assied sur un siège aussi élevé que le sien. Il donne ses audiences en plein air, à la porte de son palais. Ses intimes seuls sont reçus dans l’intérieur. MM. Freiss et Secreton, riches anglais établis à Lombok, sont les uniques étrangers qui aient encore osé s’asseoir à côté de lui. M. Secreton vit avec une chinoise que le Rajah lui a cédée pour un chien. Quand le Rajah est malade, il fait semer des bambous sur le chemin qui mène à son palais ; si quelqu’un ose s’avancer, il est impitoyablement assommé. En tout temps, il est défendu de traverser à cheval la résidence de ce despote.

« On doit observer dans ce pays la plus grande circonspection avec les malais. Les femmes sont Taboues ; quiconque en toucherait une, s’exposerait à un coup de Kriss. Le caractère de ce peuple est un mélange de fierté ou plutôt d’orgueil et de bravoure. Le Malais est vindicatif et rusé à l’excès. Un ida (1re  classe de la noblesse), qui vint à bord, ne voulut jamais entrer dans la chambre parce qu’on pouvait être au-dessus de lui en marchant sur la dunette. Ces gens là feront un détour d’une lieue pour ne pas passer sous un balcon. La plus grosse insulte qu’on puisse faire à un malais est de lui toucher la tête.

Le Kriss.

« Le Kriss, ce terrible poignard du pays, joue un grand rôle dans les affaires publiques et pri-