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de voyage.

dont les dents sont les plus blanches. Leur fonction est de mâcher la racine de kava qu’on leur apporte, divisée en plusieurs morceaux. À leurs pieds sont plusieurs coupes ou vases de bois, contenant 7 à 8 litres. À mesure que chacune a bien trituré sa racine, elle la jette dans les coupes, et quand tout est mâché, on verse de l’eau dessus.

C’est là le hic, car cette opération est des plus délicates, et les bons faiseurs de kava sont aussi estimés que chez nous un Vatel ou un Carême. On remue ensuite la liqueur avec une espèce de spatule en écorce de Burno, puis on exprime le résidu de la racine de Kava qui est enlevée avec soin, et tout est fait.

« Alors une des jeunes filles crie :

  Uâ uoi lé kavâ — Le kava est prêt !

L’assemblée répond en frappant trois fois des mains, et le président dit :

  Tu lé tau tû — Qu’on le serve.

Le dialogue continue et la jeune mâcheuse répond :

  Koé kù — À qui ?

« Chacun est servi suivant son rang ; quand il y a des étrangers qu’on veut honorer, le président boit le premier et leur passe la coupe ; le reste de l’assemblée n’est servi qu’après. À la question de la jeune fille (koé kù — à qui ?), le chef répond par une formule à laquelle est jointe le nom de celui qui va boire. Le convive désigné frappe trois fois des mains en signe d’acceptation. — Dans la Polynésie, c’est une noix de coco qui sert de coupe pour tous ; aux îles Fidji, on