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de voyage.

à celle des Tahitiens ; ils sont moins beaux comme modelé, ils n’ont pas leur finesse, mais ils sont plus vigoureux. Les Tahitiens semblent faits pour la jouissance et les plaisirs, c’est une beauté un peu efféminée, les habitant d’Upuloû sont taillés pour la guerre. Plusieurs sont couverts de cicatrices, dont quelques-unes encore saignantes. Presque tous sont armés d’un fusil, d’un casse-tête ou d’une lance. Leur aspect est terrible.

« Les naturels de Samoa sont presque toujours en guerre ; quelques jours avant notre arrivée, un sanglant combat s’était livré à Mulime, près de la case des missionnaires catholiques. Quoique, généralement, les sauvages cachent le nombre de leurs morts, on n’en comptait pas moins de 50. Mais, cet état de guerre doit cesser bientôt avec l’introduction des armes à feu que leur vendent les baleiniers. Autrefois, dans les combats, on se battait à la lance ou au casse-tête ; il y avait du courage, de l’adresse à affronter un homme de près ; maintenant, on a appris à s’embusquer, et avec le fusil, un enfant, un homme faible, un poltron même, pourra tuer le chef le plus courageux, sans que celui-ci sache d’où le coup est parti. Aussi, cela commence à dégoûter de la guerre.

« Aux îles Samoa, l’autorité des chefs est fort restreinte ; ils ne relèvent d’aucune puissance centrale ; leur importance est purement nominale ; leurs privilèes consistent à être nourris eux et leur famille, en percevant une sorte de dîme d’ignames, de cocos, de cochons, etc., et de