Page:Sabin Berthelot Journal d un voyageur 1879.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
journal

Ne pense pas à nos merveilles.
Ne pense pas à nos douleurs ;
À nous les trésors et les veilles…
À toi les rêves et les fleurs.

Que te sont les joyaux du monde,
À toi, la perle de ces mers !
Et les palais où l’or abonde ;
Reine aux palais d’ombrages verts !
Dieu t’a donné, fille qu’il aime,
Les sourires et les splendeurs…
Si ton front porte un diadème
Ta pourpre est un manteau de fleurs !

21 avril 1851.
Archipel de Samoa ou des Navigateurs.

« L’aspect général d’Upulou, une des îles des Navigateurs, ressemble assez à celui de Tahiti. La rade d’Apia est charmante, en demi-cercle et entourée d’une riche ceinture de cocotiers. Derrière, s’étend une plaine de trois à quatre milles, puis un rideau de montagnes vertes, riantes et fertiles termine le paysage. C’est d’une fraîcheur délicieuse. Papeti est presque une ville, Apia est un khan de sauvages.

« À notre arrivée, nous avons été aussitôt entourés de nombreuses pirogues remplies de cocos, d’ananas, de poissons, d’armes et de coquilles. En moins d’une heure, il y avait plus de 200 naturels à bord.

« Enfin ! Voilà de vrais sauvages, bien nerveux, bien féroces. Ils n’ont pour vêtement qu’une ceinture de feuilles de Ti ; au cou et aux bras, ils portent des colliers, des bracelets en coquilles ou en verroteries. Sur la tête, s’élève une immense touffe de cheveux rouges qui ombrage comme un casque. Leur taille paraît supérieure