Page:Sabin Berthelot Journal d un voyageur 1879.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
de voyage.

qu’il se soit livré. — Les Tahitiens défendaient les hauteurs, et ce fut un pic de six cents mètres d’élévation que nos soldats et nos marins eurent à gravir ; une ascension dans le genre de celle du Pali à Hawaï. — Fatahua est maintenant une délicieuse retraite, paisible et calme, où l’on n’entend que le chant des tourterelles vertes qu’on appelle Kourou-Kourou. »

Départ de Tahiti.

« Il nous faut donc quitter ce pays, cette nouvelle île de Calypso, où les arbres sont toujours verts et le printemps éternel, cette Paphos, ce bouquet de fleurs que la France s’est mise au côté, délicieux port de relâche, mais rien que çà :

Chant d’adieux.

« Adieu souriante merveille,
Tahïti, berceau des beaux jours,
Adieu, gracieuse corbeille,
Pleine de parfum et d’amour !
Adieu, voluptés envolées !…
Le ciel du sein de ses splendeurs
Laissa, des voutes étoilées,
Tomber une étoile de fleurs.

Dors en paix ! Dormez folles brises,
Amantes des rochers fleuris !
Dormez Divinités assises
Au bord des ruisseaux assombris.
Dormez, belles filles sauvages,
Syrènes qui noyez les cœurs
Dans des Océans sans rivages,
Parmi des tempêtes de fleurs.

Dors en paix, île des doux songes,
Dors en paix, île de l’oubli,
Où sur des lits pleins de mensonges
Les roses ne font pas un pli.